Eiffage et Suez ont inauguré à Bordeaux la plateforme Noé, première plateforme de services mutualisés inter-chantiers : une véritable révolution est en marche.
Bordeaux Euratlantique est l’une des plus vastes opérations d’aménagement de France avec plus de 730 ha répartis sur les communes de Bordeaux, Bègles et Floirac. Cette Opération d’intérêt national (OIN), créée en 2010, prévoit 2 500 000 m2 de logements, bureaux et équipements publics, soit 50 000 nouveaux habitants et 30 000 nouveaux emplois attendus d’ici 20 ans.
En 2015, Euratlantique a lancé un Appel à Manifestation d’Intérêt dont le lauréat a été la « Plateforme Noé » réunissant Eiffage et Suez. Cette plateforme logistique de nouvelle génération est un véritable laboratoire à ciel ouvert, démonstrateur de la ville durable, qui conjugue innovations d’usages, performances environnementales, traçabilité et économie circulaire, s’inscrivant dans les enjeux de territoire bas carbone.
Elle offre un panel de services en circuit court mutualisant les biens et les transports. Elle permet de minimiser l’impact et les nuisances des chantiers, de garantir une ville fluide, apaisée et accessible malgré les travaux.
« Le but de la Plateforme est de proposer tous les services liés aux métiers de la filière construction, mais en allant bien au-delà de la filière », explique Eiffage Construction. Noé propose en effet des parkings, de la main d’œuvre, une base de vie, des bureaux, des salles de réunions, de la location de matériels, une ressourcerie pour relavoriser les déchets, la gestion des terres excavées, la vente de granulats, des espaces de stockage, mais aussi un foodtruck pour la restauration. A cela s’ajoutent des services d’insertion et de formation. L’insertion est assurée par deux associations importantes qui ont pour missions de présenter aux jeunes et à leurs professeurs tous les métiers de demain liés à la numérisation dans la construction ».
Noé prévoit même une conciergerie, des missions de portage de lettres et de colis en association avec la Poste et même le portage de repas à domicile pour les personnes âgées. « Bien au-delà de la construction, l’avenir de cette plateforme est d’apporter toutes sortes de services à la ville et à ses habitants. Noé permet d’anticiper sur tout ce qui concerne les déplacements des personnes, ainsi que sur les approvisionnements de toutes natures. Même les très petites entreprises pourront profiter de la plateforme pour l’ensemble de leurs activités. Il s’agi de se réapproprier un nouveau mode de fonctionnement permis notamment par le BIM et la numérisation. Ceux qui ne joueront pas le jeu de la numérisation et qui ne profiteront pas des outils partagés sont condamnés à leur perte ».
Naturellement ces services ne sont pas gratuits et les tarifs varient selon la nature du service demandé. « Mais le fonctionnement qui perdure encore aujourd’hui ne peut plus être de mise. Les retards dus aux embouteillages coûtent de l’argent, de même que les pertes d’heures dans la production ou les vols sur les chantiers…et c’est les entreprises qui doivent amortir les coûts. La frugalité est donc de mise et la construction doit suivre le modèle de l’industrie automobile qui fait de plus belles voitures pour moins cher. En outre, on ne paye que ce qui est réellement consommé, en évitant tout gaspillage ».
Ce modèle, unique en Europe, intéresse de nombreuses grandes villes. La plateforme Noé est déjà sollicitée par de grandes métropoles comme Marseille, Lyon, Bruxelles, Berlin ou Madrid.
Prochainement y sera aussi mise en œuvre une nouvelle « monnaie climatique ». Il s’agit en fait de proposer des tarifs préférentiels liés à l’économie de CO2 réalisée par le fait de venir sur la plateforme. Le bénéficiaire (qui peut être n’importe quel acteur de la construction, mais aussi n’importe quel habitant de la zone faisant appel à la plateforme) peut soit bénéficier d’un tarif réduit immédiatement, soit mettre cette monnaie sur un compte dont il profitera ultérieurement.
La Plateforme Noé est ainsi une solution alternative aux modes de gestion traditionnels. « C’est un modèle unique pour lequel il nous a fallu sortir de notre zone de confort et, surtout, accepter de faire face aux contraintes de tous. Mais c’est l’avenir. On peut dire qu’avec la construction et le numérique, nous abordons une troisième révolution après la vapeur et l’automobile ! », conclut Eiffage.